On me dit parfois que j’ai un humour pince-sans-rire. Prêtant foi à cette flatteuse appréciation, je me suis laissé gagné par le désir de mettre les pieds dans le plat.

Dans mes récents travaux, j’essaie de pratiquer une forme de drôlerie, dans le style, le ton, l’ironie, les formulations. Je m’entoure également d’interprètes qui savent générer une certaine incongruité par leur présence, et évidemment leur rapport au texte. J’essaie de faire un théâtre qui, entre autres, égaie.

Cependant, hors de scène, je suis un être triste et désespéré (pour faire court). Je ne peux pas contourner cette réalité. Rester au monde n’est pas une évidence. Il me pèse. Et je lui pèse. Une vie humaine peut désormais se quantifier en émissions carbone. Nos émissions carbone sont l’ennemi n°1 de l’humanité à venir. Le simple fait de continuer à vivre contribue à hypothéquer les chances de survie de l’espèce dans le futur. Aussi, quitter volontairement la communauté des vivantes et des vivants pourrait être considéré comme un acte d’altruisme d’une pureté radicale. C’est avec ce genre de pensées à l’évident potentiel comique que je m’endors, me réveille en sursaut, me rendors.